lundi 27 septembre 2010

Le mépris des institutions


Même si l’annonce de la démission du Directeur général des élections du Québec, Marcel Blanchet, est parvenue avec une certaine surprise, on comprend en la plaçant dans son contexte qu’elle n’est pas anodine. En fait, Stéphane Bédard, leader parlementaire de l’opposition officielle, m’a fait réaliser lors d’un point de presse que de nombreuses institutions ont été mises à mal par les libéraux récemment, en particulier par Jean Charest.

Tout d'abord, le DGE s’est fait traiter de façon honteuse par deux ministres libéraux, Nathalie Normandeau et Laurent Lessard. On l'a même invité à ne pas respecter la loi, qui est pourtant votée par le gouvernement ! À l'Assemblée nationale, Jean Charest a trouvé sa démission drôle et a cité sa lettre de démission comme preuve qu'il partait de plein gré.

En faisant le tour des événements, on se rend compte que ce n'est pas un cas isolé. Jean Charest est habitué de ne pas respecter les institutions. Je vous propose donc un bref aperçu de sa carrière politique.

La première institution que Jean Charest ne respecte pas en tant que politicien est un juge. Il doit en effet démissionner de son poste de ministre au fédéral pour être intervenu dans un procès auprès d’un juge. Brian Mulroney doit le contraindre à quitter son poste lorsqu'il reçoit l'appel du juge qui s'en plaint.

Plus tard, une fois premier ministre du Québec, il aurait menti à l’Assemblée nationale en affirmant qu'il n'y a pas eu de tentative d'influencer le Procureur général dans le procès des Hell’s Angels. Les propos de Marc Bellemare à la Commission Bastarache tendent à le montrer, même si la lumière n'a pas été faite sur ses allégations.

Quelques années plus tard, après avoir tenté d’imposer Yvon Vallières comme président de l’Assemblée nationale sans même consulter les deux partis de l’opposition, il qualifie de « trahison » le choix de François Gendron comme président. Quelques jours plus tard, il vole deux députés adéquistes et il déclenche quelques mois plus tard des élections en pleine crise économique pour avoir « les deux mains sur le volant ».

Après les élections, les reportages de journalistes comme Alain Gravel pointent des cas d'allégation de collusion et de corruption dans le secteur de la construction, en lien avec l’octroi de contrats gouvernementaux et le financement du PLQ. Trois ministres libéraux affirment que des entreprises font des dons au Parti libéral, ce qui est illégal. Le DGE enquête, mais il n'a pas beaucoup de moyens ni de preuves.

Les démissions de David Whissel et de Tony Tomassi ont lieu dans la foulée de ces allégations. Il est devenu intenable de les faire siéger au Conseil des ministres. Les institutions de députés et de ministres sont donc mises à mal en raison des doutes qui planent sur leur jugement et leur honnêteté. Malgré un large consensus au Québec, Le premier ministre refuse catégoriquement de mettre sur pied une commission d’enquête sur la construction, et tente de noyer le poisson en créant l’escouade Marteau, qui effectue quelques petites perquisitions.

Plus tard, devant les allégations de Marc Bellemare concernant le processus de nomination des juges, Jean Charest crée la Commission Bastarache. Directement impliqué par les allégations, Jean Charest écrit lui-même son mandat et choisit le commissaire, qui fait partie d'un cabinet d'avocats reconnu pour sa proximité avec les libéraux. Le procureur principal Pierre Cimon doit démissionner quelques semaines avant le début de ses travaux en raison de contributions faites au Parti libéral du Québec.

Par la suite, Jean Charest ne respecte tellement pas sa commission bidon qu'il se permet de faire un point de presse pour nier les allégations de Marc Bellemare lors de la première journée des audiences. Pourtant, le commissaire avait formellement interdit ce genre de commentaires.

De plus, au cours de cette commission, on apprend que Jean Charest est le seul premier ministre depuis Robert Bourassa à demander de voir la courte liste de candidats à la magistrature, ce qui est contraire à l'esprit de la loi mais surtout qui facilite grandement les nominations liées aux allégeances politiques. L'institution du premier ministre est aussi mise à mal par les nombreux sondages qui montrent que la population ne le croit pas.

J'en oublie probablement, mais ce sont les principales institutions qui n'ont pas été respectées par Jean Charest. Quelle sera la prochaine? La Protectrice du citoyen? Le lieutenant-gouverneur du Québec? Les paris sont ouverts!

mercredi 22 septembre 2010

Le registre des armes à feu


J'ai rarement vu un dossier aussi politique que celui de la loi visant à abolir le registre canadien des armes à feu. En effet, tous les partis ont imposé la ligne de parti, sauf le NPD. Les conservateurs sont en faveur de son abolition, contrairement aux libéraux et aux bloquistes. Le vote sera très serré, à deux ou trois députés près. Jack Layton doit lui-même tenter de convaincre ses députés pour sauver le registre.

Même si le coût du registre est faramineux et que sa pertinence est remise en question, ce dossier est très complexe pour les partis, car il touche des types d'électeurs ciblés. D'un côté, les gens des régions sont dérangés par ce registre, qui entraîne de la paprasse supplémentaire pour les armes de chasse. Un véritable fiasco financier, ce programme a coûté plus d'un milliard de dollars, alors que son coût estimé s'élevait à deux millions de dollars au début. De plus, il n'est vraiment pas certain qu'il a réussi à sauver une seule vie, car la plupart des meurtres sont commis avec des armes illégales provenant du crime organisé ou de réserves amérindiennes.

De l'autre côté, le lobby féministe travaille fort pour le maintenir, pour contrer la violence conjugale, selon leurs dires. Mentionnons qu'il a été implanté quelques années après la tuerie de la Polytechnique. L'argument généralement avancé par ceux qui défendent le registre est qu'il est régulièrement consulté par les policiers, qui peuvent ainsi vérifier s'il y a une arme lorsqu'ils interviennent dans une maison.

En réalité, tous les partis ont des avantages et des inconvénients à l'abolition du registre, tant sur le plan politique que sur le plan idéologique.

Les conservateurs sont en majorité contre le registre, en raison des coûts élevés du programme, de l'implantation par les libéraux et de l'électorat de l'ouest et des régions. Cependant, certains députés urbains et centristes sont ambivalents face à cette abolition, en particulier en Ontario et au Québec.

Les libéraux sont généralement en faveur du registre, car ils l'ont implanté eux-mêmes, ils veulent s'attirer l'électorat de centre-gauche du NPD et ils sont généralement urbains. Par contre, un bon pourcentage de députés est contre ce registre, qui coûte cher et qui est plus ou moins efficace.

Les néodémocrates et les bloquistes sont généralement en faveur de son maintien, car ils sont en accord avec le contrôle des armes à feu et ils ont un électorat gauchiste. Par contre, les députés en région font face à beaucoup de grogne.

Il faut dire qu'au Québec, les armes à feu sont déjà contrôlés, ce qui veut dire que ce programme est un doublon. Les partis provinciaux sont donc contents de ne pas avoir à décider de l'avenir du registre, car c'est une patate chaude. Il est très difficile d'être contre la vertu en politique, même si un programme est inutile et coûteux.

lundi 20 septembre 2010

Le "Bellemare Gate"


La Commission Bastarache tient ses travaux depuis près d'un mois. Même si on connaît déjà les conclusions du rapport, elle occupe une très grande place dans les médias québécois car l'Assemblée nationale ne siège pas et qu'elle est télédiffusée en direct par les chaînes d'information continue. Avouons-le, depuis le témoignage fracassant et crédible de Marc Bellemare, il n'y pas eu de grands moments. Souvent technique, sinon refutant les allégations de Marc Bellemare, parfois même à la limite du ridicule, les contre-interrogatoires n'ont pas soulevé les passions. La plupart des gens se sont déjà faits une idée et croient davantage Marc Bellemare que Jean Charest, comme l'indiquent les sondages à ce sujet.

Par contre, cette semaine, les témoignages risquent d'être intéressants. Aujourd'hui, on a eu droit à Georges Lalande et Guy Bisson. L'ex-sous-ministre associé à la Justice Georges Lalande est venu corroborer les allégations de Marc Bellemare en ce qui a trait aux pressions de Franco Fava pour nommer des juges. Il s'agit de la première personne qui était proche de Marc Bellemare abondant dans le même sens, Jacques Tétrault et Michel Gagnon l'ayant contredit. Pour sa part, Guy Bisson, ancien organisateur du financement du PLQ dans l'Outaouais, a mentionné qu'il avait parlé de son fils à Norman MacMillan, actuellement ministre délégué aux Transports, mais rien de plus. Son témoignage a duré moins d'une heure.

Les prochains jours risquent d'être forts en émotion. Les collecteurs de fonds Franco Fava et Charles Rondeau devraient venir témoigner, en plus de Jean Charest possiblement à la fin de la semaine. Mais même si je vais suivre de près les réponses du premier ministre, je pense que les deux premiers seront plus dignes d'intérêt. Leurs noms sont au coeur des allégations de Marc Bellemare. Franco Fava est, dit-on, fort en gueule, alors reste à voir s'il fera un spectacle ou s'il sera calme et posé. Il risque de réfuter les allégations de Marc Bellemare, mais il faudra voir si son témoignage sera crédible. Quant à Charles Rondeau, il devra se défendre d'avoir menti avant son interrogatoire. En effet, il a affirmé qu'il ne s'était rendu qu'à quelques reprises au bureau du premier ministre, alors que selon le registre des entrées et des sorties, qui a failli être détruit sans la demande d'accès à l'information du journaliste Alain Gravel, il s'y est rendu à 20 reprises en six mois! C'est inimaginable, quand on sait que son propre ministre de la Justice de l'époque, Marc Bellemare, n'a réussi à le rencontrer qu'à deux reprises en moins d'un an!

De plus, avec la rentrée parlementaire demain, les libéraux seront attaqués de tous bords, tous côtés par l'opposition, affamée par la trève estivale. Les nouveaux ministres pourront prétendre qu'ils ne connaissent pas leurs nouveaux dossiers au début, mais les questions répétées feront leur oeuvre sur un gouvernement déjà affaibli par l'opinion publique. Dans quelques mois, les libéraux risquent fort bien de perdre le comté de feu Claude Béchard, celui de Kamouraska-Témiscouata, ce qui diminuera la majorité du gouvernement, déjà faible depuis l'éviction de Tony Tomassi.

Je termine en vous suggérant d'aller voir cette recherche exhaustive effectuée qui montre que les indices d'influence indue de collecteurs de fonds libéraux étaient présents à l'époque. Vous aurez de la difficulté à comprendre pourquoi les libéraux ont été réélus en 2007. Semble-t-il qu'il avaient une "équipe crédible en économie".

jeudi 16 septembre 2010

Les mains dans la carte électorale


Aujourd'hui, je vais vous parler d'un sujet qui n'intéresse pas tellement les urbains de Québec et de Montréal, mais qui met le feu aux poudres dans les régions. Ces jours-ci, la Commission de la représentation électorale, présidée par Marcel Blanchet, Directeur général des élections, comparaît devant un comité de l'Assemblée nationale. Elle discute de la refonte de la carte électorale, en vertu d'une loi qui la prévoit et la rend obligatoire. En effet, à toutes les deux élections générales, les 125 circonscriptions doivent être modifiées en fonction de l'évolution démographique. Le problème, et c'est un constat d'échec de l'occupation du territoire, c'est que les régions se vident au profit des grands centres. Chaque circonscription doit avoir en moyenne un certain nombre d'électeurs, donc il faut les adapter ou en faire disparaître.

Afin de respecter ce principe, Marcel Blanchet propose de faire disparaître trois circonscriptions, dans Chaudière-Appalaches, le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, et d'en ajouter trois dans le 450. Je vous épargne les détails, mais en résumé, les régions perdent trois représentants au profit de la banlieue de Montréal.

Même si je ne suis vraiment pas d'accord avec leur rhétorique, je comprends tout de même les élus des régions concernées de monter aux barricades, car il est vrai qu'ils n'ont pas beaucoup de pouvoir politique. C'est juste que je trouve indéfendable de s'opposer à ces changements, car ils sont prévus par la loi, qui tient compte du nombre d'électeurs et du principe des communautés naturelles (les électeurs de la même circonscription doivent avoir des points communs). Selon moi, la démocratie est simple : 1 électeur = 1 vote, peu importe l'endroit.

Ainsi, à toutes les deux élections, le DGE fait des consultations et des propositions afin de faire adopter les changements de circonscriptions. La prise de décision est relativement neutre, mais Marcel Blanchet est quand même ouvert aux propositions sensées. Par exemple, le fait d'inclure ou d'exclure un petit village d'une circonscription en tenant compte des caractéristiques des habitants.

Tout irait bien si les députés, qui sont évidemment juge et partie dans cette histoire, ne se mêlaient pas de ce qui ne les regarde pas. Car si la décision difficile incombe maintenant au Directeur général des élections, qui est indépendant du pouvoir politique, c'est justement pour éviter les conflits d'intérêts.

Qu'un député s'exprime au nom de ses électeurs, c'est une chose. Mais l'attitude de certains députés et ministres libéraux m'hérisse. En particulier, celle de Nathalie Normandeau, ministre responsable de la Gaspésie, est odieuse. Aujourd'hui, elle a qualifié le Directeur général des élections en des termes peu élogieux : " la carte électorale proposée par Monsieur Blanchet et son équipe est un constat d’échec, un cuisant échec pour notre société et pour l’institution qu’est le Directeur général des élections. " Elle a fait une crise d'hystérie devant Marcel Blanchet lors des audiences, comme si elle était son patron, ce qui n'est pas le cas.

Pour en ajouter, elle fait de la petite politique en accusant les partis de l'opposition (le PQ et l'ADQ, qui sont relativement neutres dans cette histoire, même si certains députés s'opposent farouchement à cette perte de poids pour les régions) de ne pas appuyer le Projet de loi 92, préparé par feu Claude Béchard, visant à imposer un nombre fixe de circonscriptions par région administrative. Il faut dire qu'à l'époque, Claude Béchard avait peur de se retrouver dans le même comté que Mario Dumont, chef de l'ADQ.

Cette attitude est un affront à la démocratie et témoigne d'un mépris envers les institutions démocratiques héritées de René Lévesque. En défendant bec et ongles un principe indéfendable, il est clair que Nathalie Normandeau prépare sa course à la chefferie, qui se tiendra lorsque Jean Charest n'aura plus les deux mains sur le volant...

lundi 13 septembre 2010

Réseau liberté Québec (suite)


Le Réseau liberté Québec vient de procéder à l'annonce de quatre conférenciers qui seront présents à l'événement du 23 octobre. Il s'agit de Reynald Du Berger, de Jacques Brassard (climato-scepticisme), de Pierre Simard et d'Éric Duhaime (équité intergénérationnelle).

Reynald Du Berger est sismologue. Il fait partie des quelques sceptiques du réchauffement climatique qui s'affichent au Québec. Il a une connaissance approfondie de la géologie et de la géophysique.

Jacques Brassard est un ancien ministre péquiste. Il s'est récemment fait évincer du journal Le Quotidien pour ses positions pro-israéliennes et son scepticisme face au réchauffement climatique. Il critique régulièrement les positions extrémistes des environnementalistes qui s'opposent au développement économique.

Je ne connais pas Pierre Simard, mais il a une feuille de route impressionnante en matière d'économie. Il est professeur à l'École nationale d’administration publique. Il prône la réduction du rôle de l'État.

Éric Duhaime est chroniqueur politique, fondateur du Réseau liberté Québec et ex-conseiller politique de Stockwell Day et de Mario Dumont. Il a réalisé une étude intéressante sur la Régie des rentes du Québec pour le compte de l'Institut économique de Montréal, donc il s'y connaît en économie et en finances.

Il reste les conférenciers sur la nationalisme à être annoncés, possiblement la semaine prochaine. Je mise sur Mathieu Bock-Côté, doctorant en sociologie et souverainiste notoire de droite, et sur Joseph Facal, ex-ministre péquiste de la mouvance des Lucides. Les deux ont vu d'un bon oeil l'arrivée du mouvement, donc ils ont peut-être été approchés.

Il reste à voir la réaction des médias au cours des prochains jours. Mais si je me fie au passé, elle sera forte, et c'est tant mieux pour le mouvement, qui soit dit en passant intéresse beaucoup le Canada anglais.

dimanche 12 septembre 2010

Élection partielle dans Saint-Laurent


Même si elle ne passera pas à l'histoire, l'élection partielle qui aura lieu demain dans le comté de Saint-Laurent pourrait lancer un message clair aux libéraux de Jean Charest. Cette circonscription fait partie des châteaux forts du Parti libéral du Québec, donc le candidat Jean-Marc Fournier devrait l'emporter haut-la-main. Jean Charest est tellement certain de sa victoire qu'il l'a déjà nommé ministre de la Justice et leader parlementaire du gouvernement. En effet, depuis l'existence de la circonscription en 1973, les libéraux ont toujours ravi le siège avec aisance. En 2008, Jacques Dupuis a récolté 74,39 % des votes, en 2007, 67,81 %, et en 2003, 77,66 %. Autant dire qu'un cochon avec un ruban rouge serait élu sans problème!

L'issue est donc connue d'avance, mais l'impopularité abyssale des libéraux et une prise de position étonnante du journal The Gazette pour le candidat adéquiste pourraient faire fondre leur majorité. En effet, le journal est outré que le Parti libéral ne fasse pas beaucoup de place dans son cabinet aux anglophones et aux allophones, qui se trouvent en très grand nombre dans le comté. Les éditorialistes du journal exhortent donc les gens à sanctionner le parti et à voter pour Jose Fiorilo, candidat adéquiste. Ils ont tout à fait raison sur la forme, car il n'y a pas beaucoup de représentants des communautés anglophone et allophone au sein du cabinet : Lawrence Bergman, président du caucus, Yolande James, ministre de la Famille, et Kathleen Weil, ministre de l'Immigration.

C'est plate à dire, mais malheureusement, ils n'ont absolument aucun poids au sein du Parti libéral du Québec, ni au Part québécois d'ailleurs, car ils votent trop en bloc, donc personne ne les courtise et ils sont absents du débat public.

Il ne reste qu'à voir si cette prise de position se traduira sur les résultats du scrutin. D'un autre côté, le taux de participation sera probablement faible, ce qui avantage toujours la machine libérale. Ils devraient donc s'en sortir sans trop de problème. Mais parfois, les élections partielles nous réservent des surprises...

jeudi 9 septembre 2010

Le quotient des électeurs


Après le quotient intellectuel, le quotient social, le quotient technologique et le quotient émotionnel, il existe maintenant le quotient des électeurs.

Cette réalité est rarement abordée sur la place publique, mais elle est très importante dans le processus décisionnel des politiciens. Sans être scientifique, fixe ou officiel, les élus en tiennent compte dans leurs choix d'annonces de dépenses publiques, en particulier à la veille d'élections générales, mais parfois aussi lors d'élections partielles.

Pour faire une histoire courte, les conseillers politiques séparent toujours les circonscriptions en fonction de leurs chances de victoire. Si certaines sont assurées (les comtés des chefs de partis) et que d'autres sont impossibles (comme l'Ouest de Montréal pour le PQ), d'autres peuvent changer de partis presque à chaque élection. De ce fait, elles deviennent attrayantes pour le parti au pouvoir, qui n'hésite pas à déployer des efforts et à procéder à des annonces pour aller les chercher.

La croyance selon laquelle "il faut voter du bon bord" est en fait un mythe. Les régions de l'Outaouais et de l'Ouest de Montréal n'ont pas été choyées par le Parti libéral du Québec, même si elles sont rouges. Et c'est la même chose sous les gouvernements péquistes.

Au Québec, les régions qui sont le plus attrayantes pour les partis sont le 450 et la grande région de Québec. Nous en avons un exemple flagrant présentement dans le dossier de l'amphithéâtre et du retour des Nordiques. Régis Labeaume n'a vraiment pas eu de difficulté à convaincre Jean Charest de s'engager à la hauteur de 45 % du coût de la construction du nouveau Colisée, donc environ 180 millions de dollars. Pourtant, en pleine période de prétendue austérité économique, le gouvernement Charest devrait être beaucoup plus hésitant à dépenser, même si le projet est porteur.

Au fédéral, malgré l'importante députation dans la région, c'est plus difficile de convaincre les conservateurs en raison de leur idéologie orientée vers le privé et de l'importance relative de Québec au Canada. Mais je pense que le caucus du Québec va réussir à convaincre les autres députés conservateurs, ce n'est qu'une question de temps. Si une ville de la même grandeur ne figurait pas parmi les comtés prenables, la demande aurait probablement déjà été balayée du revers de la main.

Au fédéral, l'équivalent est plutôt l'Ontario, qui vote tantôt pour les conservateurs, tantôt pour les libéraux. D'ailleurs, c'est presque toujours dans cette province que se décide l'issue des élections. Ce sont donc eux qui reçoivent le plus de promesses et d'investissements lorsque des élections s'en viennent.

La morale de l'histoire : les électeurs d'une même circonscription doivent toujours voter en fonction de leurs intérêts.

mardi 7 septembre 2010

Claude Béchard n'est plus (1969-2010)


Claude Béchard, ex-ministre de l'Agriculture depuis ce matin, s'est éteint à l'âge de 41 ans. Il a combattu un long cancer du pancréas. Cette terrible maladie ne donne que 20 % de chances de survie. Il s'en était sorti à une reprise, mais il a eu une récidive en janvier. Il laisse dans le deuil ses quatre enfants et sa conjointe.

Politicien redoutable et travailleur acharné, il est demeuré ministre et député jusqu'à quelques heures avant sa mort. La classe politique est sous le choc. En congé de maladie ce printemps, il était revenu à la fin de la session parlementaire. Il semblait avoir pris du mieux, mais son état de santé s'est détérioré.

Politicien polyvalent, il a occupé les fonctions de ministre de l'Emploi, de la Solidarité sociale et de la Famille, de ministre responsable du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, de ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, de ministre des Ressources naturelles et de la Faune et enfin de ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.

Parmi ses réalisations, notons le plan de lutte à la pauvreté, le plan de lutte à la réduction des gaz à effet de serre, la politique de développement économique, la révision du régime forestier, le dossier des congés parentaux, la nouvelle politique agricole, la réfection de la route 185, la création du Parc national de Témiscouata et l'aréna de La Pocatière.

Mais surtout, son héritage est constitué d'une grande combattivité et d'un goût de vivre hors du commun.

lundi 6 septembre 2010

Conférenciers invités au Réseau liberté Québec


J'ai entendu dans une entrevue de Joanne Marcotte, membre du Réseau liberté Québec, que d'autres conférenciers et panélistes allaient être annoncés sous peu. Bien que je ne sois pas dans le secret des Dieux, je me fie sur certains indices dénichés çà et là afin d'élaborer ma liste d'invités potentiels à l'activité du 23 octobre.

Ajoutons qu'ils devraient être variés, même s'ils doivent tous appartenir à la communauté droitiste québécoise ou canadienne. Selon moi, il y aura au moins trois autres invités, si on se fie à la page d'accueil du site officiel. Ils seront probablement annoncés dans l'ordre, à raison d'un par semaine.

En plus de Kory Teneycke (du domaine des médias), je pense qu'il y aura un représentant de la communauté souverainiste (probablement Mathieu Bock-Côté, mais possiblement Joseph Facal, Lucien Bouchard ou Jacques Brassard), un sceptique du climat (je ne vois personne d'autre que Reynald Du Berger, géologue de renom et membre des analystes.ca) et un invité en lien avec l'équité intergénérationnelle (je verrais bien Nathalie Elgrably de l'Institut économique de Montréal venir discuter de la Régie des rentes et de le dette du Québec, ou un autre économiste de renom).

Peut-être les organisateurs nous réservent d'autres surprises, comme des invités en lien avec les accommodements déraisonnables, avec la politique (le député Maxime Bernier est parfois évoqué sur les médias sociaux, ou d'anciens politiciens, comme les lucides, Monique Jérôme-Forget et Philippe Couillard) ou l'éducation (François Têtu, professeur de philosophie et membres des Analystes). Également, le site glisse un mot sur l'égalité homme-femme (j'avoue que je n'ai pas de nom qui me vienne en tête, outre ceux de Lise Bilodeau et de Marie Grégoire).

Espérons que je ne suis pas trop dans le champ, c'est quand même difficile! J'ai une suggestion à vous faire : faites vous aussi l'exercice et écrivez vos résultats dans les commentaires. À la gang, on sait tout', comme disait un certain moustachu!

Le retour des Nordiques


Selon de nombreux observateurs, le retour des Nordiques serait imminent. Gary Bettman n'attendrait qu'une garantie de construction d'un amphithéâtre pour transférer l'équipe des Islanders de New York à Québec. Sans surprises, Pierre-Karl Péladeau, président de Quebecor, serait l'acheteur.

Le rapport de Team Québec rédigé par Claude Rousseau a été lu par un adjoint de Stephen Harper, en plus de Sam Hamad (ministre provincial responsable de Québec) et Régis Labeaume. La ville propose de fournir 50 millions de dollars, mais demande 175 millions de dollars au provincial et au fédéral. Le gouvernement Charest est déjà convaincu, donc il reste les conservateurs à s'avancer sur la question. Selon les rumeurs, l'aile québécoise, menée par Christian Paradis et Josée Verner, aurait de la difficulté à vendre le projet à la députation de l'ouest. Bien qu'hésitants, les conservateurs ont grandement avantage à contribuer financièrement au projet, s'ils veulent récolter les retombées électorales du retour des Nordiques et ainsi avoir une chance d'être majoritaires aux prochaines élections.

Même si Québec est un petit marché, la vigueur économique de la ville, son importance politique et la passion des habitants sont des éléments qui penchent grandement dans la balance. À titre d'exemple, le fanclub Nordiques Nation, lancé par CHOI-FM il y a quelques jours, est maintenant rendu à 100 000 membres!

http://www.nordiquesnation.com/

En outre, la Marche bleue, une autre mobilisation populaire, mais cette fois bien plus visible, aura lieu le 2 octobre sur les Plaines d'Abraham. L'événement risque d'être fort populaire, ce qui va contribuer à mettre de la pression sur les politiciens. Même les bloquistes ont donné leur appui au projet de nouveau colisée et au retour d'une équipe, donc aucun politicien n'ose s'y opposer.

Le projet de présenter les Jeux olympiques pourrait aider à convaincre les conservateurs, qui vont appuyer la candidature. Cependant, cet événement n'a pas nécessairement de lien avec le retour des Nordiques.

Il va sans dire que les Islanders ne sont pas la plus belle équipe, mais il y a quand même des joueurs d'avenir, comme John Tavares et Kyle Okposo. Mark Streit effectuerait pour sa part un retour en sol québécois. Le seul vrai hic, c'est Rick Dipietro, qui va essayer de ne pas se blesser encore!

samedi 4 septembre 2010

Propagande à l'école : celui qui le dit, celui qui l'est!


Comme ça, selon les bloquistes, les conservateurs font de la propagande à l'école secondaire ? Laissez-moi deviner, ils font de la publicité pour les républicains? Contre l'avortement? Pour la peine de mort? Pour le bouclier antimissile? Pour l'armée? Pour la torture?

Eh! non, c'est bien pire que ça! Les conservateurs ont, tenez-vous bien, fait la promotion aux élèves de deuxième secondaire des parcs nationaux, à l'occasion du 100e anniversaire de Parcs Canada. Et puisque l'éducation est de compétence provinciale, selon la députée du Bloc Carole Lavallée, « c'est de la propagande de la part du gouvernement fédéral et du bureau du premier ministre que d'envoyer une lettre aux écoles en s'adressant aux jeunes comme de futurs leaders du Canada ».

C'est tellement une accusation ridicule que ça ne mérite même pas de réponse. Le gouvernement du Canada fait la promotion de sites historiques du Canada, point à la ligne. Je pense que le Bloc aurait pu facilement trouver d'autre chose pour accuser les conservateurs de propagandistes. C'est à se demander si ces accusations sont un canular.

Pendant ce temps, comme le souligne avec justesse Dimitri Soudas, conseiller de Stephen Harper, à propos du Bloc québécois, " en plus, il se sert de l'argent des contribuables pour aller faire la promotion de la souveraineté aux États-Unis et en Europe. M. Duceppe n'a donc pas de leçon à donner en la matière ». En effet, on se demande vraiment parfois ce que le Bloc fait avec l'argent des contribuables canadiens. Le chef fait la promotion d'une option qui ne dépasse pas tellement 40 % dans les sondages au Québec, mais qui lui donne les deux tiers des sièges en raison de la division du vote fédéraliste. C'est quand même une bonne stratégie que de convaincre les voisins quand on n'est pas capable de convaincre les principaux intéressés d'un concept passéiste qui n'intéresse pas beaucoup les jeunes.

Voici une bonne entrevue sur le sujet.
http://www.radioego.com/ego/listen/5580

mercredi 1 septembre 2010

Réseau liberté Québec


Enfin, nous sommes le 1er septembre! En fait, il est une heure du matin, mais puisque je suis un oiseau de nuit, je peux commenter les détails rendus publics par le fameux Réseau liberté Québec qui fait tant jaser sur la blogosphère.

D'abord, sans surprises, Joanne Marcotte et des blogueurs des Analystes (Éric Duhaime, Ian Sénéchal et Guillaume S. Leduc) sont derrière ça, en plus de Roy Eappen et de Gérard Laliberté, que je ne connais pas.

La journée de mobilisation, qui aura lieu le 23 octobre, n'est pas une marche ou un coup d'éclat, mais en fait une rencontre à l'Hôtel Gouverneur à Sainte-Foy visant à favoriser le dialogue entre gens de droite de tous partis politiques et horizons confondus. Elle sera constituée de séances de réseautage, de conférences et de panels.

Le premier panéliste annoncé n'est pas n'importe qui, c'est Kory Teneycke, vice-président au développement chez Quebecor et directeur des nouvelles de la chaîne de télévision Sun TV News, qui devrait être lancée en janvier, si le CRTC accepte la demande.

J'imagine que d'autres panélistes et conférenciers seront annoncés sous peu.

À suivre...