lundi 20 septembre 2010

Le "Bellemare Gate"


La Commission Bastarache tient ses travaux depuis près d'un mois. Même si on connaît déjà les conclusions du rapport, elle occupe une très grande place dans les médias québécois car l'Assemblée nationale ne siège pas et qu'elle est télédiffusée en direct par les chaînes d'information continue. Avouons-le, depuis le témoignage fracassant et crédible de Marc Bellemare, il n'y pas eu de grands moments. Souvent technique, sinon refutant les allégations de Marc Bellemare, parfois même à la limite du ridicule, les contre-interrogatoires n'ont pas soulevé les passions. La plupart des gens se sont déjà faits une idée et croient davantage Marc Bellemare que Jean Charest, comme l'indiquent les sondages à ce sujet.

Par contre, cette semaine, les témoignages risquent d'être intéressants. Aujourd'hui, on a eu droit à Georges Lalande et Guy Bisson. L'ex-sous-ministre associé à la Justice Georges Lalande est venu corroborer les allégations de Marc Bellemare en ce qui a trait aux pressions de Franco Fava pour nommer des juges. Il s'agit de la première personne qui était proche de Marc Bellemare abondant dans le même sens, Jacques Tétrault et Michel Gagnon l'ayant contredit. Pour sa part, Guy Bisson, ancien organisateur du financement du PLQ dans l'Outaouais, a mentionné qu'il avait parlé de son fils à Norman MacMillan, actuellement ministre délégué aux Transports, mais rien de plus. Son témoignage a duré moins d'une heure.

Les prochains jours risquent d'être forts en émotion. Les collecteurs de fonds Franco Fava et Charles Rondeau devraient venir témoigner, en plus de Jean Charest possiblement à la fin de la semaine. Mais même si je vais suivre de près les réponses du premier ministre, je pense que les deux premiers seront plus dignes d'intérêt. Leurs noms sont au coeur des allégations de Marc Bellemare. Franco Fava est, dit-on, fort en gueule, alors reste à voir s'il fera un spectacle ou s'il sera calme et posé. Il risque de réfuter les allégations de Marc Bellemare, mais il faudra voir si son témoignage sera crédible. Quant à Charles Rondeau, il devra se défendre d'avoir menti avant son interrogatoire. En effet, il a affirmé qu'il ne s'était rendu qu'à quelques reprises au bureau du premier ministre, alors que selon le registre des entrées et des sorties, qui a failli être détruit sans la demande d'accès à l'information du journaliste Alain Gravel, il s'y est rendu à 20 reprises en six mois! C'est inimaginable, quand on sait que son propre ministre de la Justice de l'époque, Marc Bellemare, n'a réussi à le rencontrer qu'à deux reprises en moins d'un an!

De plus, avec la rentrée parlementaire demain, les libéraux seront attaqués de tous bords, tous côtés par l'opposition, affamée par la trève estivale. Les nouveaux ministres pourront prétendre qu'ils ne connaissent pas leurs nouveaux dossiers au début, mais les questions répétées feront leur oeuvre sur un gouvernement déjà affaibli par l'opinion publique. Dans quelques mois, les libéraux risquent fort bien de perdre le comté de feu Claude Béchard, celui de Kamouraska-Témiscouata, ce qui diminuera la majorité du gouvernement, déjà faible depuis l'éviction de Tony Tomassi.

Je termine en vous suggérant d'aller voir cette recherche exhaustive effectuée qui montre que les indices d'influence indue de collecteurs de fonds libéraux étaient présents à l'époque. Vous aurez de la difficulté à comprendre pourquoi les libéraux ont été réélus en 2007. Semble-t-il qu'il avaient une "équipe crédible en économie".

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