mercredi 24 novembre 2010

Élections partielles dans Kamouraska-Témiscouata


Les élections lundi dans l'ancien comté de Claude Béchard risquent d'être très serrées. Un sondage CROP révèle que libéraux et péquistes sont au coude-à-coude avec respectivement 34 % et 32 % des intentions de vote, tandis que l'ADQ effectue une remontée avec 25 % du suffrage anticipé. Les trois partis se retrouvent donc presque dans le marge d'erreur. Ces chiffres peuvent en étonner plusieurs, y compris votre noble blogueur, mais ils s'expliquent par divers facteurs. L'impopularité du PLQ sur le plan national a un certain effet sur le vote, mais moins qu'on pourrait ne le penser.

En premier lieu, les libéraux surfent sur l'héritage de Claude Béchard, député très populaire dans ce comté. Certains électeurs voteront pour la libérale France Dionne pour honorer sa mémoire. Un peu comme lors des dernières élections générales, il n'est pas facile pour le PQ et l'ADQ de critiquer ses réalisations en tant que député. Ensuite, la candidate France Dionne est populaire dans la région. Elle a été députée de la circonscription de 1985 à 1997. Et on sait que les électeurs du Bas-Saint-Laurent en général votent pour le meilleur candidat à leurs yeux, pas tellement pour le parti ou leur idéologie.

Il ne faut pas oublier que le Parti libéral restera au pouvoir lors des deux prochaines années. Les libéraux ont récemment conclu une entente de gré à gré avec le consortium Alstom-Bombardier pour le renouvellement des wagons du métro de Montréal, et on sait que les retombées seront considérables à l'usine Bombardier de La Pocatière. L'instinct de survie influence aussi les votes en faveur du Parti libéral, car le comté est appelé à disparaître en vertu de la refonte de la carte électorale du Directeur général des élections, mais le gouvernement en place a suspendu les pouvoirs de Marcel Blanchet pour pouvoir tenir une élection partielle dans le comté. L'autre dossier régional qui retient l'attention est celui du droit de passage des motoneiges. Invités par l'Union des producteurs agricoles à protester contre les changements apportés à la Financière agricole, de nombreux cultivateurs bloqueront l'accès à leurs terres cet hiver, ce qui se répercutera sur l'industrie du tourisme liée à la motoneige. Ce litige ne peut être réglé que par le gouvernement en place.

Normalement, dans un comté francophone, le Parti québécois n'a pas de difficulté à récolter la grogne populaire du gouvernement libéral. Ça semble difficile dans Kamouraska-Témiscouata, même si le parti de Pauline Marois mène de 15 % sur le plan national. Ce sondage montre la faiblesse du Parti québécois. Même si le péquiste André Simard remporte le siège de justesse, la victoire n'aura pas été convaincante. Par contre, si le Parti libéral gagne, il pourra mieux respirer jusqu'à Noël et tenter de trouver une porte de sortie à Jean Charest ce printemps, et repartir sur de nouvelles bases avec un nouveau chef et un remaniement ministériel. Il ne faut pas oublier l'adéquiste Gérald Beaulieu, qui est en remontée et qui a des chances de se faufiler. En 2007, il avait perdu les élections aux mains de Claude Béchard par 752 votes. Il y a aussi Québec solidaire, qui a 6 % des intentions de vote avec Serge Proulx, et le Parti vert qui en a 3 % avec Frédéric Brophy.

Il faut toujours faire attention aux sondages, car en général, le taux de participation dans les élections partielles est peu élevé, souvent en bas de 50 %. Justement, voici une autre réalité qui avantage le Parti libéral, qui a une meilleure organisation et des électeurs plus mobilisés.

Une défaite péquiste serait catastrophique pour Pauline Marois, qui se rendrait de peine et de misère au congrès d'avril, où un vote de confiance l'attend de pied ferme. L'ADQ n'a pas grand-chose à perdre dans cette élection, et si elle obtient 20 % et plus, ce sera un résultat satisfaisant. Une victoire de Gérald Beaulieu donnerait des ailes à l'ADQ, qui pourrait mieux se préparer aux prochaines élections et redevenir un parti d'envergure. Une défaite libérale serait peu dommageable, comme le dit Vincent Marissal.

dimanche 21 novembre 2010

La mafia et la corruption


L'assassinat du présumé parrain de la mafia Nicolo RIzzuto tire un trait sur 30 ans d'hégémonie du clan Rizzuto dans les activités interlopes de Montréal. En effet, même si le patriarche ne s'occupait plus tellement de la gestion quotidienne des opérations de la mafia, son assassinat représente tout un symbole. Cet acte culmine après deux ans de perturbations visant le clan Rizzuto. Les nombreux cocktails Molotov à l'endroit de restaurants associés à la famille, les enlèvements (probablement des meurtres) de lieutenants et l'assassinat du petit-fils Nick Rizzuto Junior l'année passée ont contribué à cette atmosphère.

Vito Rizzuto, fils unique du patriarche emprisonné aux États-Unis, devait hériter des affaires lors de sa sortie de prison en 2012. Rien ne sera plus sûr maintenant. Les experts se perdent en conjonctures en déterminant l'auteur des règlements de compte. S'agirait-il d'une purge interne de la mafia sicilienne, qui n'aime pas voir dévoilées au grand jour leurs histoires, d'une revanche de la mafia calabraise, qui prend de l'essor partout dans le monde, ou encore de l'acte d'un autre groupe criminalisé? Chose certaine, l'assassinat n'a pas été commandé par des amateurs. Est-ce que cet acte hautement symbolique a eu l'aval de New York ou de l'Italie? Il sera probablement toujours difficile de le savoir, la mafia étant réputée très discrète. À preuve, les hauts placés qui sont accusés plaident toujours coupables pour éviter de mettre à jour les secrets de la famiglia.

Ce meurtre historique coïncide avec un sentiment de corruption généralisé qui règne dans tout ce qui est public au Québec, et en particulier au Parti libéral. Il y a même de viles gens qui font cette blague : "Le patriarche de la mafia est décédé, donc il y aura une élection partielle pour le remplacer". Les gens ont l'impression que le gouvernement Charest n'est pas pressé de régler les problèmes de collusion et de corruption.

Cette ambiance moribonde est de plus en plus malsaine. Les médias multiplient les histoires de malversations de toutes sortes, dont des tentatives de trafic d'influence alléguées par un seul témoin. Après la semaine des poursuites et des démissions, de quoi sera composée la prochaine? On a maintenant l'impression que la corruption est partout. Même moi, en vous écrivant, je sens que je suis corrompu, et que je vous écris avec un ordinateur corrompu!

Pendant ce temps-là, on ne parle pas des autres problèmes à régler au Québec. Si ça continue comme ça, le Parti québécois fera campagne aux prochaines élections en promettant de tenir une enquête publique sur la construction, et n'aura même pas besoin de parler d'éducation, de santé, de finances publiques ou même de souveraineté. Les Québécois auront perdu une élection à parler d'une commission qui ne veut pas être déclenchée par le Parti libéral pour des raisons plus ou moins obscures.

mardi 16 novembre 2010

Pétition réclamant la démission de Jean Charest


Personnellement, je ne la signerai pas, car je n'aime pas l'amalgame des raisons évoquées pour demander sa démission, mais je mets tout de même en ligne l'adresse de la pétition parrainée (pour utiliser des termes de circonstance!) par Amir Khadir. Libre à vous de la signer ou non. Il est à noter qu'à 1h56 dans la nuit du lundi au mardi, un total de 45 998 personnes avaient signé le formulaire sur le site de l'Assemblée nationale, en route pour fracasser le record de tous les temps!

Pendant ce temps, Jean Charest met en demeure Gérard Deltell, chef de l'ADQ, pour avoir fait un succulent jeu de mot sur la "famille" libérale. Oui, vous avez bien entendu, ce même Jean Charest qui a traité Stéphane Bédard de "tête de slinky", Mario Dumont de "girouette" et Elsie Lefebvre de "criss de chienne" à l'Assemblée nationale.

Cliquer ici.

dimanche 7 novembre 2010

Le coquelicot


Depuis quelques jours, des coquelicots blancs sont distribués par des groupes pacifistes, un peu partout au Canada. Selon leurs dires, ils visent à faire la promotion de la résolution de conflits de façon pacifique, et ils sont complémentaires aux coquelicots rouges distribués pour le Jour du Souvenir.

Mais la Légion royale canadienne ne l'entend pas de la même façon. Elle est indignée par cette initiative, et elle demande l'arrêt de sa distribution. Rappelons qu'il appartient à la Légion de s'occuper de la campagne de distribution du coquelicot, qui est traditionnellement rouge, pour honorer la mémoire des combattants fauchés prématurément par la vie.

Il est tout à fait normal de militer pour la paix et la non violence, mais je trouve que cette idée rate sa cible. L'utilisation d'un coquelicot blanc identique au traditionnel peut facilement être interprété comme un manque de respect envers les victimes des guerres. Le coquelicot est un symbole très fort de la démocratie occidentale, mais surtout de commémoration de la fin de la Première guerre mondiale, le 11 novembre 1918, qu'on nomme l'Armistice.

Selon moi, le coquelicot rouge ne fait pas du tout l'apologie de la guerre, au contraire. Donc je ne comprends pas le but de mener une campagne de distribution d'un équivalent pour la paix. Je ne vois franchement pas de lien entre la mission en Afghanistan et le Jour du Souvenir. Je crois qu'il est très possible de militer contre cette guerre, même contre le recrutement militaire dans les écoles, tout en respectant les soldats qui choisissent cette profession, qu'ils soit vivants ou décédés.

mardi 2 novembre 2010

Le leadership de Pauline Marois


C'est plate à dire, mais le leadership de Pauline Marois tient à un fil. Même si je ne suis pas péquiste ou souverainiste, je ne fais pas partie de ses détracteurs. Bien sûr, il est facile de rire de son côté "gauche caviar" et de son air "matante", mais c'est quand même de loin la plus expérimentée de la grande famille souverainiste. Elle a presque occupé tous les portefeuilles de ministères. Évidemment, on a toujours les défauts de nos qualités et les qualités de nos défauts, donc elle n'incarne pas la nouvelle génération, et il est facile de lui reprocher des choses à l'Assemblée nationale car elle a connu le pouvoir.

Selon moi, il n'y a pas vraiment de prétendant sérieux à la direction apte à remplacer Pauline Marois. Commençons par l'interne. Les noms de Pierre Curzi et de Bernard Drainville sont ceux qui circulent le plus. D'ailleurs, leurs interventions hystériques en matière respectivement de langue et d'affaires intergouvernementales trahissent leurs ambitions. S'ils ont un certain charisme et qu'ils sont connus de la population en raison de leur passé à la télévision, ils n'ont aucune expérience de gouvernement.

Sinon, à l'extérieur du Parti québécois, les noms qui circulent sont ceux de Gilles Duceppe, François Legault et Bernard Landry. Si ce dernier tient presque de la politique-fiction, les deux premiers sont plausibles. Le mouvement que veut lancer François Legault a du plomb dans l'aile car il peine à convaincre des fédéralistes de s'y joindre. Peut-être ne cherche-il qu'à mettre de la pression sur Pauline Marois, qui est prise entre l'écorce et l'arbre. En effet, elle est condamnée à promettre la souveraineté pour garder la ferveur de ses militants, mais elle doit aussi convaincre la population qu'elle ferait une bonne première femme première ministre. Elle doit aussi satisfaire les gauchistes de son parti pour ne pas les perdre à la faveur de Québec solidaire, tout en ne brimant pas trop les centristes et les droitistes qui pourraient être tentés par le nouveau parti de François Legault ou même par l'ADQ.

Gilles Duceppe a clairement des ambitions à la direction, s'y étant déjà présenté pendant 24 heures, mais il ne peut pas vraiment laisser le Bloc québécois dans un contexte de gouvernement minoritaire. Jacques Parizeau et de jeunes militants souverainistes préfèrent son plan d'accession à la souveraineté à celui de Pauline Marois, il va sans dire, mais il est vu trop à gauche par certains (il a un passé de marxiste-léniniste et de chef syndical) et sans aucune expérience de gouvernance.

Donc à moins d'un retour en politique de Jacques Parizeau ou de la résurrection de René Lévesque, Pauline Marois n'est pas menacée à court terme. Son leadership ne sera pas contesté ouvertement avant le prochain conseil national, qui aura lieu en avril, mais elle ne réussira assurément pas à obtenir un vote de confiance fort d'au moins 85 %, même si Jean Charest atteint une cote de popularité abyssale. N'oublions pas que Lucien Bouchard et Bernard Landry ont eu les deux 76 % à des moments où tout allait bien.

À mon avis, peu de choix s'offrent à Pauline Marois. Si elle continue à se tenir tranquille, elle ne dépassera pas les résultats de ses prédécesseurs. Elle doit plutôt prendre des risques, voire défier les dissidents purs et durs et les anciens militants du SPQ-Libre. Au moins, si elle n'obtient pas un bon résultat, elle pourra mettre de l'avant cet acte de courage, et qui sait, le transformer en de l'énergie menant à la souveraineté du Québec...