jeudi 9 septembre 2010

Le quotient des électeurs


Après le quotient intellectuel, le quotient social, le quotient technologique et le quotient émotionnel, il existe maintenant le quotient des électeurs.

Cette réalité est rarement abordée sur la place publique, mais elle est très importante dans le processus décisionnel des politiciens. Sans être scientifique, fixe ou officiel, les élus en tiennent compte dans leurs choix d'annonces de dépenses publiques, en particulier à la veille d'élections générales, mais parfois aussi lors d'élections partielles.

Pour faire une histoire courte, les conseillers politiques séparent toujours les circonscriptions en fonction de leurs chances de victoire. Si certaines sont assurées (les comtés des chefs de partis) et que d'autres sont impossibles (comme l'Ouest de Montréal pour le PQ), d'autres peuvent changer de partis presque à chaque élection. De ce fait, elles deviennent attrayantes pour le parti au pouvoir, qui n'hésite pas à déployer des efforts et à procéder à des annonces pour aller les chercher.

La croyance selon laquelle "il faut voter du bon bord" est en fait un mythe. Les régions de l'Outaouais et de l'Ouest de Montréal n'ont pas été choyées par le Parti libéral du Québec, même si elles sont rouges. Et c'est la même chose sous les gouvernements péquistes.

Au Québec, les régions qui sont le plus attrayantes pour les partis sont le 450 et la grande région de Québec. Nous en avons un exemple flagrant présentement dans le dossier de l'amphithéâtre et du retour des Nordiques. Régis Labeaume n'a vraiment pas eu de difficulté à convaincre Jean Charest de s'engager à la hauteur de 45 % du coût de la construction du nouveau Colisée, donc environ 180 millions de dollars. Pourtant, en pleine période de prétendue austérité économique, le gouvernement Charest devrait être beaucoup plus hésitant à dépenser, même si le projet est porteur.

Au fédéral, malgré l'importante députation dans la région, c'est plus difficile de convaincre les conservateurs en raison de leur idéologie orientée vers le privé et de l'importance relative de Québec au Canada. Mais je pense que le caucus du Québec va réussir à convaincre les autres députés conservateurs, ce n'est qu'une question de temps. Si une ville de la même grandeur ne figurait pas parmi les comtés prenables, la demande aurait probablement déjà été balayée du revers de la main.

Au fédéral, l'équivalent est plutôt l'Ontario, qui vote tantôt pour les conservateurs, tantôt pour les libéraux. D'ailleurs, c'est presque toujours dans cette province que se décide l'issue des élections. Ce sont donc eux qui reçoivent le plus de promesses et d'investissements lorsque des élections s'en viennent.

La morale de l'histoire : les électeurs d'une même circonscription doivent toujours voter en fonction de leurs intérêts.

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