lundi 12 juillet 2010

Combattre le cynisme

Depuis quelque temps, la Commission jeunesse du Parti libéral du Québec fait une tournée de la province pour discuter du cynisme et du désintéressement de la population envers la politique. À chaque sondage, la tendance s'allourdit : les politiciens sont maintenant en bas des vendeurs de voitures usagées en terme de confiance! Plus que ça, la notoriété de politiciens qui jouent un rôle majeur au Québec est au plancher. Par exemple, selon un sondage Léger Marketing datant de quelques mois, 44 % des répondants ne connaissent pas Nathalie Normandeau, vice-première ministre! Les politiciens les plus connus sont généralement d'anciens journalistes ou comédiens, comme Pierre Curzi et Gérard Deltell.

Évidemment, il est facile, voire normal d'être blasé par la politique, en particulier ces temps-ci avec les nombreux parfums de scandales et les élections fréquentes, tant au fédéral qu'au provincial. Mais il faut quand même aller voter, car selon un vieil adage, "si on ne s'occupe pas de la politique, elle s'occupe de nous!" Imaginez ce qui va se produire si le taux de participation continue de diminuer. Les politiciens se diront : "on peut faire n'importe quoi, les électeurs s'en foutent!" Il ne faut pas oublier que dans plusieurs pays encore de nos jours, des électeurs dont l'intégrité physique est menacée osent aller voter pour que les choses changent. Ici, il ne faut que mettre un X dans une case une fois par quatre ans, et c'est déjà trop pour certains.

Évidemment, la politique de notre société post-moderne est loin d'être passionnante. La plupart des politiciens sont maintenant à la solde des médias et des groupes de pression. Tous les politiciens ont la peur bleue de déplaire, donc ils se lancent dans des consultations à n'en plus finir, et les débats pertinents ne font que tourner en rond, à l'occasion brassés mais rapidement tablettés dans des rapports d'experts. Les politiciens avec de nouvelles idées se font vite démolir par les vieux partis ou les acteurs de l'immobilisme québécois.

Je ne partage pas l'avis de ceux qui estiment que les politiciens ne méritent pas leurs votes. Au contraire, ce refus de participer favorise les partis traditionnels qui ont un électorat acquis, aux dépens des nouveaux partis politiques. Par exemple, le Parti libéral du Québec a clairement remporté les dernières élections grâce à un taux de participation anémique de 57,3 %, un niveau jamais atteint depuis 1927.

Mais il n'y a pas que les électeurs à blâmer, les journalistes et les politiciens aussi. L'Assemblée nationale est devenue un cirque, où l'image est le seul critère. Les réponses données aux questions sont généralement simplistes, pour ne pas dire inexistantes, mais tout ce qui compte, c'est d'épater la galerie et de faire une "clip" facile à rapporter par les journalistes paresseux. Ainsi, les ministres à l'aise devant les caméras l'emportent sur ceux qui ont de la rigueur et du contenu. L'important, c'est de ridiculiser l'opposition et de ne pas répondre à la question tout en me mentant pas.

Toute cette atmosphère n'est pas propice à la participation citoyenne. Il n'y a pas de remède-miracle. Je ne suis pas en faveur du vote obligatoire comme c'est le cas dans quelques pays comme la Belgique, mais il faut à tout le moins mieux éduquer les jeunes à la chose politique. Je vois comme un pas dans la bonne direction les cours d'univers social au secondaire, qui remplacent en quelque sorte ceux de sciences humaines. Une partie du programme est consacrée à la connaissance de l'actualité et des partis politiques. Il y a même des écoles qui simulent des élections et qui font voter les étudiants pour un parti politique. Ainsi, les jeunes auront des connaissances élémentaires lorsqu'ils auront le droit de voter.

Mais il n'y a pas que la connaissance, il y a aussi le taux de participation. Malheureusement, les jeunes entre 20 et 40 ans ne votent pas en grand nombre, même s'ils ont en général des opinions intéressantes. De plus, l'électorat acquis aux partis ne connaît généralement pas beaucoup la politique, ce qui augmente le je-m'en-foutisme des politiciens.

Une autre solution serait de soumettre les futurs électeurs à des examens de connaissance de base, mais je ne crois pas qu'elle est réalisable. Le coût de la mesure serait élevé, et elle pourrait résulter en une désaffectation des gens, ce qui serait néfaste pour la démocratie.

Il faut donc éduquer les gens et leur offrir un éventail le plus large possible de médias et d'opinions. Ainsi, l'électorat sera à même de faire sa propre opinion sur les événements politiques et l'actualité.

4 commentaires:

  1. ''L'important, c'est de ridiculiser l'opposition et de ne pas répondre à la question tout en me mentant pas.''

    Jean Charest mène le bal et est passé maître de la clownerie facile pour éviter de répondre aux questions.

    En fait, c'est le premier premier ministre qui après 7 ans au pouvoir agi et parle encore comme s'il était encore dans l'opposition blâmant entièrement la faute à l'opposition officielle pour tous ses déboires.

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  2. En effet, la situation clownesque à l'Assemblée nationale est d'un ridicule consommé. Deux solutions s'offres à nous : changer le gouvernement ou encore réformer la période de questions. Mais dans les deux cas, il faut attendre encore trois ans!

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  3. J'obterais plus pour une réforme de la période de question. Le gouvernement en place est bien encré et surtout que le chef va soliciter un autre mandat !

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  4. Je veux bien, mais c'est impossible avec un gouvernement majoritaire! Et cette formule avantage grandement la bande à Charest, donc il va falloir attendre au moins trois ans...

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