En fin de semaine, les sommets du G8 et du G20 avaient conjointement lieu à Huntsville et à Toronto. Afin de mieux comprendre les enjeux de ces rencontres avec les chefs d'États et de gouvernements des pays les plus riches du monde, je vous propose un peu d'histoire.
Tout a commencé en 1975, avec la formation du G6, qui comprenait les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l'Italie. Le Canada y a été intégré l'année suivante à la faveur de ses liens privilégiés avec l'oncle Sam. Les pays du G7 se sont rencontrés régulièrement pour discuter d'économie et d'enjeux touchant les pays. Puis, en 1998, la Russie a été intégrée aux autres, et le G8 était créé.
Le Sommet du G20 a été implanté par Paul Martin lorsqu'il était ministre des Finances du Canada. Même si les politiciens ne le diront pas, la tendance au cours des prochaines années ira vers le G20. Il est maintenant difficile de ne pas tenir compte des pays émergents comme le Brésil et l'Inde dans les stratégies économiques. Malheureusement, tout changement comporte des points négatifs : il est difficile d'en arriver à un consensus lorsqu'il y a 20 pays.
En fait, même un consensus entre 8 pays est périlleux! BIen que le contenu des communiqués soit plutôt général, voire banal, tous ceux qui ont participé à cette rencontre s'accordent pour dire que c'est crucial, ne serait-ce que pour le contact humain entre les chefs d'États. Une bonne relation peut faire débloquer les choses lorsqu'un épineux dossier divise deux pays.
Lors des derniers sommets conjoints, les pays ne se sont pas vraiment entendus de façon claire sur les mesures économiques, car ils sont frappés par des réalités différentes. Par exemple, le Canada est déjà sorti de la récession depuis quelque temps, et il a un système bancaire qui fait l'envie du monde entier. Stephen Harper ne voit donc pas l'utilité d'endetter le pays pour relancer l'économie, contrairement aux États-Unis qui sont toujours menacés par la possibilité d'une deuxième crise économique, voire d'une dépression. La situation est totalement différente avec l'Europe, qui est affectée par les dettes de pays en quasi-faillite comme la Grèce et l'Espagne.
Toutes les discussions se font en vase clos, ce qui donne de l'eau au moulin aux manifestants néo-marxistes qui voient dans ces réunions des complots capitalistes afin d'exploiter davantage les pauvres. De plus, puisque les médias n'ont pas accès aux discussions, ils se rabattent sur les manifestations, ce qui donne une grandeur disproportionnée à ce qui se passe à l'extérieur des rencontres.
Le maire de Toronto craignait des dommages lorsque l'endroit des sommets a été annoncé par Stephen Harper. Il n'avait pas tort! Il faudra penser à un endroit difficile d'accès pour les prochaines réunions, soit tout le contraire du centre-ville de Toronto!
De nombreux journalistes le rapportaient lors des événements, une bonne proportion des manifestants était francophone ou québécoise, malgré la tenue de l'événement en Ontario. J'ai mon explication : il est toujours plus facile de trouver des fonds au Québec qu'ailleurs au Canada pour financer des manifestations anticapitalistes (lire communistes). De nombreux syndicats prennent une partie des cotisations des travailleurs pour payer des autobus qui se rendent à ce genre d'événements. Par exemple, la Convergence des luttes anticapitalistes 2010, la CLAC, était de la partie.
J'ose espérer que la majorité des manifestants étaient animés par une bonne foi. Malheureusement, dans ce genre d'événement, l'effet d'entraînement est bien réel, et il y a toujours des groupuscules qui se greffent aux autres pour "foutre la merde". Mals la perception des manifestants dans la population demeure négative. À preuve, 66 % des Canadiens estiment que l'intervention policière était justifiée. Pourtant, de nombreuses arrestations se sont déroulées de façon arbitraire et sans le respect des droits fondamentaux.
Toronto doit donc se remettre de son lendemain de veille : ramasser le verre des vitrines cassées, trouver quoi faire avec les manifestants arrêtés (les accuser ou non, par exemple), et s'arranger avec les commerçants qui ont perdu de l'argent. Le maire a d'ailleurs demandé une aide du gouvernement Harper.
Et en ce qui concerne le gouvernement Harper, même s'il a réussi à montrer un certain leadership en promettant de l'argent pour la santé maternelle et infantile dans les pays défavorisés, il se retrouve avec les critiques de l'opposition pour les coûts incroyablement élevés en sécurité, et avec des critiques des organismes de défenses des droits des personnes pour les arrestations. De plus, le communiqué final n'apporte rien de précis ni de contraignant, ce qui fait douter de la pertinence de la tenue de cet événement.
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