lundi 27 septembre 2010

Le mépris des institutions


Même si l’annonce de la démission du Directeur général des élections du Québec, Marcel Blanchet, est parvenue avec une certaine surprise, on comprend en la plaçant dans son contexte qu’elle n’est pas anodine. En fait, Stéphane Bédard, leader parlementaire de l’opposition officielle, m’a fait réaliser lors d’un point de presse que de nombreuses institutions ont été mises à mal par les libéraux récemment, en particulier par Jean Charest.

Tout d'abord, le DGE s’est fait traiter de façon honteuse par deux ministres libéraux, Nathalie Normandeau et Laurent Lessard. On l'a même invité à ne pas respecter la loi, qui est pourtant votée par le gouvernement ! À l'Assemblée nationale, Jean Charest a trouvé sa démission drôle et a cité sa lettre de démission comme preuve qu'il partait de plein gré.

En faisant le tour des événements, on se rend compte que ce n'est pas un cas isolé. Jean Charest est habitué de ne pas respecter les institutions. Je vous propose donc un bref aperçu de sa carrière politique.

La première institution que Jean Charest ne respecte pas en tant que politicien est un juge. Il doit en effet démissionner de son poste de ministre au fédéral pour être intervenu dans un procès auprès d’un juge. Brian Mulroney doit le contraindre à quitter son poste lorsqu'il reçoit l'appel du juge qui s'en plaint.

Plus tard, une fois premier ministre du Québec, il aurait menti à l’Assemblée nationale en affirmant qu'il n'y a pas eu de tentative d'influencer le Procureur général dans le procès des Hell’s Angels. Les propos de Marc Bellemare à la Commission Bastarache tendent à le montrer, même si la lumière n'a pas été faite sur ses allégations.

Quelques années plus tard, après avoir tenté d’imposer Yvon Vallières comme président de l’Assemblée nationale sans même consulter les deux partis de l’opposition, il qualifie de « trahison » le choix de François Gendron comme président. Quelques jours plus tard, il vole deux députés adéquistes et il déclenche quelques mois plus tard des élections en pleine crise économique pour avoir « les deux mains sur le volant ».

Après les élections, les reportages de journalistes comme Alain Gravel pointent des cas d'allégation de collusion et de corruption dans le secteur de la construction, en lien avec l’octroi de contrats gouvernementaux et le financement du PLQ. Trois ministres libéraux affirment que des entreprises font des dons au Parti libéral, ce qui est illégal. Le DGE enquête, mais il n'a pas beaucoup de moyens ni de preuves.

Les démissions de David Whissel et de Tony Tomassi ont lieu dans la foulée de ces allégations. Il est devenu intenable de les faire siéger au Conseil des ministres. Les institutions de députés et de ministres sont donc mises à mal en raison des doutes qui planent sur leur jugement et leur honnêteté. Malgré un large consensus au Québec, Le premier ministre refuse catégoriquement de mettre sur pied une commission d’enquête sur la construction, et tente de noyer le poisson en créant l’escouade Marteau, qui effectue quelques petites perquisitions.

Plus tard, devant les allégations de Marc Bellemare concernant le processus de nomination des juges, Jean Charest crée la Commission Bastarache. Directement impliqué par les allégations, Jean Charest écrit lui-même son mandat et choisit le commissaire, qui fait partie d'un cabinet d'avocats reconnu pour sa proximité avec les libéraux. Le procureur principal Pierre Cimon doit démissionner quelques semaines avant le début de ses travaux en raison de contributions faites au Parti libéral du Québec.

Par la suite, Jean Charest ne respecte tellement pas sa commission bidon qu'il se permet de faire un point de presse pour nier les allégations de Marc Bellemare lors de la première journée des audiences. Pourtant, le commissaire avait formellement interdit ce genre de commentaires.

De plus, au cours de cette commission, on apprend que Jean Charest est le seul premier ministre depuis Robert Bourassa à demander de voir la courte liste de candidats à la magistrature, ce qui est contraire à l'esprit de la loi mais surtout qui facilite grandement les nominations liées aux allégeances politiques. L'institution du premier ministre est aussi mise à mal par les nombreux sondages qui montrent que la population ne le croit pas.

J'en oublie probablement, mais ce sont les principales institutions qui n'ont pas été respectées par Jean Charest. Quelle sera la prochaine? La Protectrice du citoyen? Le lieutenant-gouverneur du Québec? Les paris sont ouverts!

5 commentaires:

  1. Son pedigree est impressionnant! Et ce n'est pas pour améliorer le cynisme des Québécois envers la politique...

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  2. Bon travail de recherche sur ce sinistre personnage qui nous impressionnera toujours par son hypocrisie et sa fourberie de menteur d'avocat des petites créances à cinq cennes.

    My god qu'on est pas gâté comme premier sinistre.

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  3. On aura beau pourfendre le premier ministre Charest, je ne vois pas qui pourrait être un sérieux prétendant au trône. Pas madame Marois, ni les autres chefs de partis d'opposition. Avec tout le cynisme qu'on connaît au député de Sherbrooke, on peut prédire qu'il restera en selle jusqu'aux prochaines élections. Je rappelle par ailleurs que Jean Charest est rendu à son troisième mandat, ce qui est en soi un fait d'armes en politique québécoise. Il faut remonter, sauf erreur, au sinistre Maurice Duplessis pour en trouver l'équivalent.
    Et que pensez-vous tous de l'article de Maclean's sur la corruption au Québec, hum?

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  4. Effectivement, il pourrait même égaliser le record de Maurice Duplessis. Mais n'oublions pas qu'il y a un gouvernement minoritaire là-dedans. Pour ma part, même si le taux d'insatisfaction du gouvernement atteint un niveau record, les libéraux ne sont qu'à 8 % des péquistes dans les intentions de vote, ce qui n'est pas si pire. Si Jean Charest reste, et je crois de plus en plus que c'est plausible, je pense qu'il ne fera pas mieux qu'un gouvernement minoritaire. Même avec Pauline Marois et avoir l'histoire de la souveraineté, le PQ ne peut pas tellement récolter moins de 50 sièges. Donnons-en une dizaine à l'ADQ ou au parti qui représentera la droite et au moins deux à Québec solidaire, le PLQ ne pourra pas avoir les 63 sièges requis.

    Quant à ton deuxième sujet, Je prépare justement un article sur le "Maclean's", il devrait paraître dimanche ou lundi au plus tard. "Stay tuned"!

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  5. Dans la même ligne, Charest a également tourné en dérision la (basse ) cour du Québec en nommant « ses juges » pour rendre une justice « politique » comme dans le cas de l'Affaire Norbourg. Le juge qui a refusé tous les moyens de défense à Vincent Lacroix, ceci afin d'éviter d'exposer des vilains petits secrets sur la place publique, c'est nul autre que Claude Leblond, un ami très proche de l'imposteur JJ Charest.
    http://bisbille101.blogspot.com/2010/04/charest-et-ses-juges.html

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