jeudi 12 août 2010

Jean Charest (re)brasse ses cartes

C'est fait, Jean Charest a procédé à un remaniement ministériel avant la rentrée parlementaire. Il n'avait pas tellement le choix, car il devait remplacer Jacques Dupuis (Sécurité publique et leader parlementaire), Tony Tomassi (Famille) et David Whissel (Travail). Mais en remplaçant ces fonctions, il y a eu un effet domino qui a modifié la moitié des fonctions des ministres.

Par contre, il n'a pas admis de nouveau collègue au Conseil des ministres, si ce n'est de Jean-Marc Fournier, ancien ministre, qui hérite du ministère de la Justice et du poste de leader parlementaire. Avec la controverse sur le processus de nomination des juges, il se devait de nommer un ministre d'expérience pour remplacer Kathleen Weil, qui est avocat de formation de surcroît. Il sera assurément en mesure d'améliorer l'ambiance à l'Assemblée nationale, dominée lors de la dernière session parlementaire par un ton acrimonieux. La ministre Weil s'en va à l'Immigration, remplaçant Yolande James, qui garde la Famille.

La Sécurité publique est donnée à Robert Dutil, qui prend du gallon. Raymond Bachand garde les Finances, mais hérite du portefeuille du Revenu laissant vacant. Il jouit de toute la confiance de son chef pour redresser l'économie et les finances publiques.

Lise Thériault hérite du Travail, ministère stratégique au coeur des demandes d'enquête sur la construction. Son dossier des Services sociaux est remis à Dominique Vien, ministre junior, qui remet le ministère des Services gouvernementaux à Michelle Courchesne. Puisque ce ministère s'auto-gère, elle se voit aussi confier la présidence du Conseil du trésor. Elle devra assumer le rôle de "Madame Non" et s'assurer de respecter la réduction des hausses des dépenses gouvernementales. L'Éducation est confiée à Line Beauchamp, qui donne l'Environnement à Pierre Arcand, lequel confie les Relations internationales à Monique Gagnon-Tremblay, qui remet le Conseil du Trésor aux mains de Michelle Courchesne avec le sentiment du devoir accompli, puisqu'elle a réussi à signer une entente avec les employés du secteur public.

Outre ces changements liés directement ou indirectement aux postes à combler, Jean Charest en a profité pour changer les ministres gênants ou tannés. Par exemple, Julie Boulet se voit confier l'Emploi et la Solidarité sociale en remplacement de Sam Hamad, qui s'en va aux Transports, ministère qui donne le plus de contrats gouvernementaux aux entreprises.

Jean Charest a bien essayé de lui enlever le ministère de la Santé, mais puisque Yves Bolduc menaçait de claquer la porte et que des sondages internes du PLQ mettaient son comté en danger en cas d'élections partielles, il a gardé son portefeuille. Nathalie Normandeau demeure vice-première ministre et ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard garde l'Agriculture et les Affaires intergouvernementales, malgré la maladie, Laurent Lessard garde les Affaires municipales, Clément Gignac, le Développement économique, Christine Saint-Pierre, la Culture, Nicole Ménard, le Tourisme, Marguerite Blais, les Aînés, Pierre Corbeil, les Affaires autochtones, Norman MacMillan demeure ministre délégué aux Transports, malgré les récentes gaffes, probablement parce qu'il est le seul ministre de l'Outaouais, et Serge Simard demeure ministre délégué aux Ressources naturelles.

Ouf! C'est presque étourdissant, mais c'est ce à quoi se résume le remaniement ministériel de Jean Charest. Évidemment, les nombreux changements ne sont en aucun cas un renouveau : ils sentent davantage la fin de régime que le printemps. Mais il permet au gouvernement Charest d'acheter du temps. En effet, pendant une bonne partie de la prochaine session parlementaire, les ministres pourront dire qu'ils ne peuvent répondre aux nombreuses demandes car ils ne connaissent pas encore leurs dossiers. De plus, les demandes d'une enquête sur la construction seront formulées à Lise Thériault, qui n'a rien à voir dans cette histoire. Jean-Marc Fournier, plus sympathique que Jacques Dupuis comme leader parlementaire, tentera de calmer le jeu.

En plus, Jean Charest a réussi à changer un bon nombre de ministres qui étaient tannés de leurs ministères, comme Julie Boulet et Michelle Courchesne, à se débarrasser des ministres qui n'avaient pas assez d'expérience, comme Kathleen Weil, et à placer la plupart de ses ministres à un endroit qu'ils convoitaient, comme Sam Hamad et Monique Gagnon-Tremblay. Le départ de trois hommes permet la parité homme-femme au cabinet, principe auquel tient Jean Charest.

L'opposition a raison de le souligner, ce remaniement ne change pas tellement l'ambiance politique. Les parfums de scandales ne se sont que temporairement évaporés, mais ils reviendront en force à la prochaine session parlementaire. Et vous pouvez compter sur eux pour nous le faire savoir!

3 commentaires:

  1. Comme Gilles Proulx le disait si bien ce matin à V, quelle platitude que ce jeu de chaises musicales à la con.

    Les mêmes complices dans le crime reste au caucus des ministres. Le parti le plus anti-démocratique intérieurement parlant depuis des lunes, le PLQ a intérêt à garder les mêmes faces autour de la table, plus la bande change, plus les secrets risquent de se retrouver dans les médias et tout le monde est à l'affût, il faut donc garder profil bas et constamment tenter de faire diversion en noyant le poisson dans une mer de platitudes et de banalités de la vie.

    Si vous et moi sommes complices dans le crime et que 24 personnes le savent aussi en tout, on a intérêt à garder les secrets ensemble, c'est comme dans une mafia, c'est la loi de l'omerta et du statut quo qui prévaut. Le roi reste le roi et on interchange 2-3 pions question de faire un tour de magie poche et de faire croire à mon oncle René que tante Georgette est devenu la très sexy Barbara avec sa belle perruque rousse comme disait si bien Richard Martineau ce matin.

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  2. Je suis pas mal d'accord avec toi. Ils auraient pu nommer ben des "back bencher', s'ils avaient voulu. Mais je pense aussi que c'est à cause du gouvernement majoritaire serré, Jean Charest ne veut pas perdre de députés. Il y a des choix très douteux, à mon avis, comme Sam Hamad aux Transports et Michelle Courchesne. Au moins, Yves Bolduc a tenu son bout, ça serait le "fun" qu'il fasse plus ça en Santé.

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  3. Quand je suis rendu à plus truster les péquistes que les libéraux, il y a vraiment un bogue et je me dis que ce gouvernement est au bout du rouleau, en burn out total et que seule une élection rapide et courte pourrait mettre fin à son calvaire et aux souffrances atroces qu'il s'inflige lui-même.

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