Par Gaétane Chabot
Je vais commencer par un aspect monétaire pour illustrer les différences entre les femmes et les hommes au début du 20e siècle.
En 1912 au Québec, le salaire moyen annuel d’un instituteur s’élevait à 550 $ et celui d’une institutrice à 220 $, donc moins de la moitié. Pourquoi?
En fait, il revenait à l’époque aux hommes (pères, maris) à pourvoir aux besoins des femmes. D’où l’importance que les hommes soient mieux payés pour assumer leurs charges familiales. Comme on peut facilement s’imaginer, ce ne sont pas tous les hommes qui étaient aussi responsables.
Cette façon de faire laissait peu de choix aux femmes de l’époque. On se mariait ou on entrait au couvent, sinon on était « vieille fille ». Cette dernière étiquette apportait son lot de responsabilités non payées : s’occuper de ses parents, aider aux relevailles de ses sœurs ou belles-sœurs, etc., autrement dit boucher les trous. Au plan de la réalisation personnelle, cette appellation même n’existait pas à l’époque. Il y avait un cadre rigide à respecter.
On m’a raconté qu’en 1951, mon père, alors commissaire d’école, avait dit à sa bru institutrice, qui devait accoucher vers le 24 juin, que c’était sa dernière année d’enseignement. Effectivement, et ce n’est pas bien loin dans le temps, les institutrices devaient laisser leur travail souvent même en se mariant car la responsabilité de pourvoyeur revenait au mari.
Cependant, dans l’histoire, on a fait appel aux femmes pour travailler dans les usines pendant les guerres, car on manquait de main-d’œuvre masculine. Mais aussitôt la guerre terminée, on renvoyait les femmes à la maison avec la famille.
En résumé, les femmes avaient peu de place à l’époque. Le pouvoir était aux mains des hommes, du moins officiellement, car souvent dans la famille, la femme était plus instruite que l’homme et s’occupait des finances, papiers, etc. Mais c’était un pouvoir non reconnu. Dans les années 1970, les femmes ont revendiqué fortement pour être reconnues tant au plan salarial que social. Je le sais qu’aujourd’hui le féminisme a mauvaise presse. Mais sans cela, la situation des femmes n’aurait pas autant évolué vers l’égalité sur tous les plans. Et le travail n’est pas terminé, il y a des mentalités enracinées. Ainsi, Pauline Marois, pour ne pas la nommer, a travaillé fort pour rester à la tête du Parti Québécois, beaucoup plus qu’un homme, avec les mêmes capacités.
Et si on regarde la situation des femmes, elles sont plus pauvres que les hommes, encore aujourd’hui. Le divorce, les séparations, les salaires plus bas : tout ceci a contribué aux difficultés des femmes à s’en sortir et à s’offrir une vieillesse équitable. Mais elles sont fortes les femmes, elles en ont vu d’autres.
Je parle beaucoup pour les jeunes femmes d’aujourd’hui. Ce n’est pas vrai que le féminisme n’a rien apporté. Sans cette période un peu hystérique il faut l’avouer, les femmes ne seraient pas en nombre important un peu partout : universités, directions, ministres. Et encore, il y a du chemin à faire…
Aucun commentaire:
Publier un commentaire