mardi 24 août 2010

Tractations et jeux de coulisse en Australie


Les résultats des élections en Australie sont tellement serrés qu'aucun gagnant n'a été déclaré. En fait, les deux partis principaux, le Parti travailliste de la première ministre sortante Julia Gillard (gauche) et la Coalition libérale-nationale de Tony Abbott (droite), arrivent à égalité avec 73 sièges. Le parlement compte 150 députés en tout, donc l'un des deux partis doit convaincre trois personnes parmi les quatre autre élus, parmi lesquels on retrouve trois indépendants et un vert, afin de créer une coalition. Mais même si tel est le cas, la majorité sera fragile, et il pourrait y avoir d'autres élections rapidement. C'est une première pour l'Australie depuis 1940.

En général, les négociations se font entre les chefs des partis concernés, mais dans ce cas, les jeux de coulisse devront se faire à la pièce. Les tractations pourraient durer quelques semaines, ce qui contribuera à l'instabilité du pays. L'Australie devra s'inspirer d'autres pays qui ont dû composer avec des gouvernements minoritaires ou des coalitions, comme le Canada, qui en est à son troisième consécutif. Les deux partis devront faire des concessions pour espérer attirer des députés. Il est toujours difficile de déterminer le parti qui profite de cette situation unique.

Par exemple, au Canada, les coalitions ont souvent aidé le Parti libéral du Canada. En 1972, le gouvernement libéral est défait sur le budget, après une coalition tacite avec le NPD qui a duré un an et demi. Par la suite, les libéraux remportent haut-la-main la majorité aux communes.

À l'opposé, le Parti progressiste-conservateur de Joe Clark est sorti éméché de cette expérience. Minoritaire après les élections de 1979, il a été défait sur une question de confiance en 1980, après seulement 66 jours de session parlementaire. Les témoignages d'anciens politiciens prétendent que les libéraux ne voulaient pas vraiment les défaire. Ils croyaient que les conservateurs s'étaient arrangés avec le créditistes, mais non. De leur côté, les progressistes-conservateurs ne croyaient pas que les libéraux étaient "game" de les reverser, car ils venaient de perdre leur chef Pierre-Elliott Trudeau. Heureusement pour eux, ils ont réussi à le convaincre de revenir pour les élections suivantes, et les libéraux sont devenus majoritaires.

Plus récemment, depuis la réunion de la droite à la fin de 2003, les gouvernements minoritaires n'ont pas donné la majorité requise à un parti. Paul Martin, chef du PLC, a dirigé un gouvernement minoritaire en 2004, suivi du conservateur Stephen Harper en 2006 et en 2008. Tant qu'il n'y aura pas de fusion entre le NPD et le PLC, la situation risquera de perdurer, en raison de la force du Bloc québécois dans la belle province. il faudrait un raz-de-marée libéral ou conservateur pour en arriver à un gouvernement majoritaire.

Espérons que la situation ne sera pas trop difficile en Australie, car l'instabilité politique n'est jamais bonne pour l'économie d'un pays. La plupart des politologues doutent que la coalition ne dure plus d'un an et demi. Mais puisqu'il y a deux partis principaux, il est peu probable que la situation se reproduise, à moins de résultats encore très serrés aux prochaines élections.

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