dimanche 21 novembre 2010

La mafia et la corruption


L'assassinat du présumé parrain de la mafia Nicolo RIzzuto tire un trait sur 30 ans d'hégémonie du clan Rizzuto dans les activités interlopes de Montréal. En effet, même si le patriarche ne s'occupait plus tellement de la gestion quotidienne des opérations de la mafia, son assassinat représente tout un symbole. Cet acte culmine après deux ans de perturbations visant le clan Rizzuto. Les nombreux cocktails Molotov à l'endroit de restaurants associés à la famille, les enlèvements (probablement des meurtres) de lieutenants et l'assassinat du petit-fils Nick Rizzuto Junior l'année passée ont contribué à cette atmosphère.

Vito Rizzuto, fils unique du patriarche emprisonné aux États-Unis, devait hériter des affaires lors de sa sortie de prison en 2012. Rien ne sera plus sûr maintenant. Les experts se perdent en conjonctures en déterminant l'auteur des règlements de compte. S'agirait-il d'une purge interne de la mafia sicilienne, qui n'aime pas voir dévoilées au grand jour leurs histoires, d'une revanche de la mafia calabraise, qui prend de l'essor partout dans le monde, ou encore de l'acte d'un autre groupe criminalisé? Chose certaine, l'assassinat n'a pas été commandé par des amateurs. Est-ce que cet acte hautement symbolique a eu l'aval de New York ou de l'Italie? Il sera probablement toujours difficile de le savoir, la mafia étant réputée très discrète. À preuve, les hauts placés qui sont accusés plaident toujours coupables pour éviter de mettre à jour les secrets de la famiglia.

Ce meurtre historique coïncide avec un sentiment de corruption généralisé qui règne dans tout ce qui est public au Québec, et en particulier au Parti libéral. Il y a même de viles gens qui font cette blague : "Le patriarche de la mafia est décédé, donc il y aura une élection partielle pour le remplacer". Les gens ont l'impression que le gouvernement Charest n'est pas pressé de régler les problèmes de collusion et de corruption.

Cette ambiance moribonde est de plus en plus malsaine. Les médias multiplient les histoires de malversations de toutes sortes, dont des tentatives de trafic d'influence alléguées par un seul témoin. Après la semaine des poursuites et des démissions, de quoi sera composée la prochaine? On a maintenant l'impression que la corruption est partout. Même moi, en vous écrivant, je sens que je suis corrompu, et que je vous écris avec un ordinateur corrompu!

Pendant ce temps-là, on ne parle pas des autres problèmes à régler au Québec. Si ça continue comme ça, le Parti québécois fera campagne aux prochaines élections en promettant de tenir une enquête publique sur la construction, et n'aura même pas besoin de parler d'éducation, de santé, de finances publiques ou même de souveraineté. Les Québécois auront perdu une élection à parler d'une commission qui ne veut pas être déclenchée par le Parti libéral pour des raisons plus ou moins obscures.

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